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💡Comment Ă©claircir le dark commerce ?
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💡Comment Ă©claircir le dark commerce ?

Les nouvelles formes de commerce ont un impact sensible sur la concurrence, l'urbanisme et la société. Peut-on adoucir leurs effets ? #185

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Mar 29
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Cette semaine nous avons lu le trĂšs intĂ©ressant rapport de l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) sur le “dark commerce” Ă  Paris et proche couronne : les nouvelles formes de commerce que sont le drive piĂ©ton, les darks stores et les dark kitchens (rien Ă  voir avec Dark Vador : on va vous expliquer). Elles s’immiscent dans la vie quotidienne des habitants des grandes villes et commencent Ă  modifier le “paysage de rues”. Quel est leur impact rĂ©el sur le commerce traditionnel, l’urbanisme et la qualitĂ© de vie ?

Je vous propose un rĂ©sumĂ© du rapport et quelques commentaires et idĂ©es pour aller plus loin. Les liens sont dans la rubrique suivante, et comme d’habitude vous trouverez Ă  la fin quelques perles glanĂ©es sur le web.

Photo Carl Campbell sur Unsplash

🎯 Cette semaine

Nous avons lu pour vous



le rapport “Drive piĂ©tons, dark kitchens et dark stores, nouvelles formes de distribution alimentaire Ă  Paris” (APUR, fĂ©vrier 2022)/

  1. De quoi parle-t-on ?

Internet n’en finit pas de dĂ©grouper des activitĂ©s jusqu’alors considĂ©rĂ©es comme un tout, et de regrouper des activitĂ©s jadis sĂ©parĂ©es. Faire ses courses dans un magasin et manger dans un restaurant sont dĂ©sormais des options parmi de multiples autres possibilitĂ©s de comparer, commander et consommer. Le phĂ©nomĂšne est pour le moment marginal en terme de consommation globale, mais son Ă©volution, notamment avec la pandĂ©mie et chez les plus jeunes, est sensible. Surtout, elle interroge sur les outils et moyens Ă  disposition des collectivitĂ©s pour “produire de la ville” : accĂšs aux services et commerces, mixitĂ© des activitĂ©s, apparence des façades comme l’évoque le rapport de l’APUR. Avoir un restaurant prĂšs de chez soi est une chose, avoir une cuisine sans salle opaque et des norias de scooters qui font des allers-retours 15 heures par jour en est une autre. De mĂȘme, l’automatisation des commerces prĂ©occupe lĂ©gitimement des villes qui veulent promouvoir la proximitĂ©, le consommer local et la convivialitĂ©.

L’Atelier Parisien a donc dĂ©cidĂ© d’actualiser son inventaire du commerce en se concentrant sur ces nouvelles formes : « depuis dĂ©but 2020, 57 drive piĂ©tons solos, plus de 30 dark kitchens et 60 dark stores se sont installĂ©s dans les rez-de-chaussĂ©e parisiens, transformant le paysage de certaines rues”. L’étude s’appuie sur des donnĂ©es riches et disponibles sur la durĂ©e : la BDCom base de donnĂ©es commerces parisiens qui permet de tracer l’occupation des pas de porte commerciaux, et une cartographie trĂšs prĂ©cise croise ces informations avec des donnĂ©es socio-dĂ©mographiques.

Rentrons dans le détail.

  1. Zoom sur les différents formats

  • Drive piĂ©tons (57)

Ce sont des commerces ou des parties de commerces qui occupent de petites surfaces, dans lesquels on vient rĂ©cupĂ©rer Ă  pied des courses faites Ă  distance sur internet. Le nombre de rĂ©fĂ©rences disponibles y est de 15 000 Ă  20 000, ce qui grosso modo correspond Ă  un supermarchĂ© traditionnel. ÉlĂ©ment intĂ©ressant, cette forme de commerce a permis Ă  de nouvelles enseignes - Leclerc et Auchan - qui n’étaient pas prĂ©sentes intra muros de rentrer dans Paris. Belle illustration du concept de « plage de dĂ©barquement Â» cher Ă  Geoffrey Moore.

Quel impact sur le “paysage de certaines rues” ? Les 28 Drive piĂ©tons Auchan remplacent 12 espaces vacants auparavant ou occupĂ©s par des agences bancaires. PlutĂŽt positif du coup.

Si la plupart des formats étudiés ont encore du personnel, on note que certains drive piétons sont entiÚrement automatisés, avec une entrée via code barres.

  • Dark kitchens (30)

Les habituĂ©s de la lettre ont suivi avec nous le dĂ©veloppement de ces formats, qui proposent soit des surfaces supplĂ©mentaires Ă  des restaurants “'rĂ©els”, soit des cuisines “sans restaurant” qui ne travaillent que pour des livraisons Ă  domicile. La plupart appartiennent aux apps de livraison qui assurent la liaison avec les restaurants et clients finaux. Ce modĂšle de “cuisine dans le cloud” ressemble beaucoup Ă  ceux dĂ©veloppĂ©s pour les services informatiques. Pas Ă©tonnant d’ailleurs que Travis Kalanick, le co-fondateur d’Uber, se soient reconverti dans le dĂ©veloppement Ă  marche forcĂ©e de ces cuisines aveugles.

La carte de l’APUR des implantations parisiennes montre une certaine spĂ©cialisation des enseignes de dark kitchen : Frichti en centre ville, Deliveroo et Kitchen box en pĂ©riphĂ©rie, pour y trouver plus de surface Ă  moindre prix. Évidemment en terme de nuisances, l’éloignement de ces cuisines des lieux de consommation a un impact sur la longueur des trajets de livraison.

À signaler que l’étude n’a recensĂ© que les dark kitchen visibles, et avoue en manquer certainement beaucoup qui se sont installĂ©es plus discrĂštement.

  • Dark stores (80 stores dont 60 Ă  Paris)

NĂ©s avec le confinement, ces magasins sont en rĂ©alitĂ© des entrepĂŽts dĂ©diĂ©s au quick commerce et Ă  la livraison rapide de biens de consommation courante. Ces magasins se sont d’abord dĂ©veloppĂ©s Rive Droite, occupant d’anciennes supĂ©rettes ou des bureaux. Le mouvement s’étend au Nord-Ouest en premiĂšre couronne. C’est une sorte de “rĂ©industrialisation” de la banlieue, les dark stores remplaçant les entrepĂŽts jadis dĂ©diĂ©s Ă  l’activitĂ© industrielle et artisanale. Nous sommes dans l’ùre de la consommation et du loisirs.

À signaler que les dark stores ne sont pas un concept nouveau en termes de format : les pharmacies et beaucoup de commerces ont des “arriĂšre-boutiques” dĂ©tachĂ©es de leur magasin principal. Ce qui est nouveau est le lien entre ces entrepĂŽts et la livraison directe au consommateur final et par consĂ©quent l’activitĂ© plus intense dans ces espaces.

  • Quick commerce et livraison rapide

L’étude recense 9 acteurs diffĂ©rents, qui proposent de vous livrer en moins d’une heure pour la plupart. L’offre est beaucoup plus rĂ©duite que pour le Drive piĂ©ton : 1 500 Ă  2 000 rĂ©fĂ©rences, essentiellement des produits de marques les plus souvent achetĂ©s par les consommateurs franciliens et certains produits frais. La livraison coĂ»te une somme modique (2-3€) et devient gratuite en cas de commande supĂ©rieure Ă  30€. Les startups rivalisent de promotions pour attirer d’un cĂŽtĂ© consommateurs et de l’autre les livreurs, le tout subventionnĂ© abondamment par des venture capitalists qui espĂšrent ĂȘtre les derniers danseurs sur la piste Ă  la fin.

Ces services sont en quelque sorte l’infrastructure immatĂ©rielle qui relie les diffĂ©rentes briques Ă©voquĂ©es plus haut : des solutions numĂ©riques de commande, de paiement qui permettent de faire ses courses ou commander un repas et se faire livrer.

Les enseignes traditionnelles ne s’y sont pas trompĂ©es, passant des accords nationaux avec ces startups pour qu’elles livrent leur produit. Le risque de dĂ©sintermĂ©diation bien documentĂ© par exemple dans l’hĂŽtellerie est rĂ©el, mais apparemment les enseignes de la distribution sont prĂȘtes Ă  le courir. À suivre 🍿

Casino et Carrefour ont ainsi passĂ© des partenariats avec Uber Eats, Deliveroo, Dija et Gorillas. Carrefour Sprint propose la livraison en 15 minutes en utilisant l’appli Uber Eats et une prĂ©paration dans les dark stores de Cajoo. Carrefour vient d’ailleurs d’investir dans Cajoo, tandis que Casino approvisionne Gorillas (qui a rachetĂ© Frichti, j’espĂšre que vous suivez) notamment avec des produits de ses marques distributeurs.

La livraison collaborative en revanche semble un peu Ă  la traĂźne par rapport au succĂšs d’Instacart ou Amazon Flex Ă  l’étranger. Shopopop en France propose pourtant la livraison par d’autres clients particuliers, en passant Ă©galement des accords avec de grandes enseignes.

  1. Quels impacts pour la ville ?

L’APUR a rĂ©alisĂ© deux Ă©tudes spĂ©cifiques dans les 11Ăšme et 15Ăšme arrondissements, concluant Ă  une certaine superposition entre les commerces traditionnels et les nouveaux formats. Comme pour les engins de micromobilitĂ© en free floating, le dark commerce s’adresse aux clients des secteurs les plus denses. Pour autant, l’étude des occupations prĂ©cĂ©dentes ne rĂ©vĂšle pas de transformation radicale du paysage de rue : les nouveaux magasins ou cuisines ne prennent pas la place de commerces traditionnels.

La concurrence est Ă©galement limitĂ©e en raison des accords dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s. Elle semble plus frontale avec le “petit bouiboui du coin” qui servait justement de dĂ©pannage de proximitĂ©, mais l’étude ne la dĂ©taille pas.

Cela n’empĂȘche pas ces nouveaux commerces de crĂ©er de nouvelles nuisances pour le voisinage. Les horaires de travail jusque tard dans la nuit ou 24/24 crĂ©ent des nuisances pour les voisins. L’occupation de l’espace public par les livreurs en maraude s’ajoute au scandale de l’utilisation pourtant interdite des scooters thermiques.

D’autres nuisances sont plus indirectes : de nombreux produits non achetĂ©s sont mis Ă  la benne, en l’absence de politique de recyclage ou de dons dĂ©veloppĂ©s par les enseignes traditionnelles.

Le droit de l’urbanisme et les rĂšglements locaux ne semblent pas toujours respectĂ©s, en particulier concernant le statut juridique de commerce, activitĂ© artisanale ou entrepĂŽt. Cela devrait sans doute contribuer Ă  rĂ©guler une partie de ce marchĂ©.

  1. Que faire pour éclaircir ce commerce ?

Si vous parlez de ces nouveaux modĂšles avec des commerçants de mĂ©tier, ils vous diront sans doute : “le commerce s’adapte toujours”. Avec 51,7% des mĂ©nages Ă  Paris constituĂ©s d’une seule personne, un adulte parisien sur deux sans enfant et des horaires de travail trĂšs larges, il n’est pas Ă©tonnant qu’une offre de service Ă  domicile comme la livraison soit plĂ©biscitĂ©e. Quiconque n’a jamais fait la queue au Monop’ Ă  21h15 le ventre vide ne sait pas ce que c’est de vivre Ă  Paris.

Par ailleurs l’étude recense 150 Ă©tablissements sur un total de
.plus de 60 000 commerces et services commerciaux. On voit, comme pour les trottinettes il y a trois ans, que la grande visibilitĂ© de ces services est totalement disproportionnĂ©e Ă  leur impact actuel.

Le vrai sujet semble la place des activitĂ©s de commerces, artisanat et industriel dans une ville de cadres ultra-connectĂ©s sans enfant. Faut-il privilĂ©gier un modĂšle de ville au dĂ©triment de l’autre ? Comment intĂ©grer internet et les nouveaux comportements de consommation dans les analyses ? Nous avons dĂ©jĂ  consacrĂ© une Ă©dition Ă  ce pseudo-dilemme Faut-il choisir entre la Ville du Quart d'Heure et la Livraison en 10 minutes ?

Alors, que faire ?

Faire appliquer les rĂšgles d’urbanisme, de copropriĂ©tĂ©, de protection des commerces et d’artisanat. Il faut sans doute remettre du monde dans les rues au contact des activitĂ©s. L’exemple d’Uber ou Airbnb nous enseigne que quand la ville montrait les dents, tout le monde rentrait globalement dans le rang. Le contrĂŽle « par internet Â» de ces plateformes semble Ă©galement efficace, entre data analyse et partage obligatoire de donnĂ©es.

ContrĂŽler Ă©galement les scooters, les permis et les attestations pour limiter les principales nuisances sonores et surtout l’exploitation des malheureux livreurs soumis Ă  des cadences de plus en plus intenses.

On peut se demander Ă©galement si la ville ne pourrait pas dĂ©dier des espaces adaptĂ©s Ă  ces activitĂ©s ? Des fonds de cours, des entrepĂŽts, des espaces dĂ©diĂ©s Ă  la logistique dans les opĂ©rations nouvelles d’amĂ©nagement. La logistique est un impensĂ© de la ville : il faudra bien qu’elle y (re)trouve sa place.

Enfin si l’on regarde par exemple ce que fait Whole Food Market (Amazon) aux États-Unis, la distinction entre magasin ouvert au public et base logistique pour les livraisons est tĂ©nue. Le mĂȘme espace peut ĂȘtre dĂ©diĂ© aux deux activitĂ©s et les acheteurs croisent des prĂ©parateurs et des livreurs au sein mĂȘme du magasin. À mĂ©diter pour faire Ă©voluer les rĂšgles et la planification de l’urbanisme commercial.

De mĂȘme qu’on ne peut plus penser la mobilitĂ© sans l’énergie, on ne peut plus penser le commerce sans la logistique. Alors que les activitĂ©s de livraison, de fabrication et de vente s’entremĂȘlent, cette Ă©tude de l’APUR sera je l’espĂšre un premier pas vers une dĂ©marche plus ambitieuse qui traitera conjointement de l’urbanisme commercial et de la logistique de ces activitĂ©s. La ville lumiĂšre mĂ©rite bien cela.

🧐 Et aussi

Des ressources utiles en lien avec le sujet traité cette semaine.

La prĂ©sentation par l’APUR de leur enquĂȘte (avec le rapport Ă  tĂ©lĂ©charger) Drive piĂ©tons, dark kitchens, dark stores : les nouvelles formes de la distribution alimentaire Ă  Paris

Par l’APUR toujours, l’inventaire des commerces parisiens, une Ă©tude qui montre les activitĂ©s qui Ă©voluent le plus : progression des restaurants et du bio et recul des magasins d’équipement de la personne. Inventaire des commerces Ă  Paris en 2020 et Ă©volution 2017-2020

Un exemple d’utilisation de la base de donnĂ©es BDCom et du PLU parisiens et APIfication de la BDCOM et du PLU parisiens pour CMARUE

Des exemples d’espaces logistiques pour mailler le territoire Nous construisons le maillage, venez y dĂ©velopper votre rĂ©seau

(15marches a travaillé sur certains de ces projets).

Le détail INSEE de la population de Paris

Les tendances de consommation dans la restauration Consumption trends in the food and drinks sector - Kantar

Une Ă©tude sur l’évolution des services de livraison de repas. Le marchĂ© de la livraison de repas en 2020 - Gira

Sur les modĂšles de croissance et de financement des startups. Hypercroissance tu perds ton sang froid - 15marches

đŸ€© On a aimĂ©

Nos trouvailles de la semaine, en vrac et sans détour

On vous parlait rĂ©cemment de ce jeune internaute qui publiait les dĂ©placements en jet privĂ© d’Elon Musk. Ses collĂšgues traquent eux les yachts des oligarques russes. Guerre en Ukraine : l’étonnante communautĂ© des traqueurs de yachts

D’autres suivent les tankers qui partent de Russie livrer du pĂ©trole partout dans le monde Thanks to Europe, Putin’s War Is Paying for Itself

On ne peut plus rien cacher


L’AIA (association des industries aĂ©riennes) prĂ©voit un futur oĂč un mĂȘme pilote sera en charge de plusieurs avions Ă  la fois. Sans doute Ă©chaudĂ©s par les dĂ©boires des vĂ©hicules terrestres autonomes, ils envisagent un dĂ©veloppement d’abord dans les vols sans passagers Ă  bord (surveillance, incendie, livraison). Axios report

AprĂšs l’indice Big Mac qui mesure le pouvoir d’achat rĂ©el dans chaque pays, voici le Slip Index, un indice qui mesure les achats de sous-vĂȘtements masculins, signal faible du dĂ©clin ou du rebond d’une Ă©conomie locale Underwear Index - Wikipedia

Alors que la maison individuelle est montrĂ©e du doigt, ce compte Instagram immortalise les « maisons solitaires Â». C’est beau comme une nature morte et c’est encore une perle dĂ©nichĂ©e par la formidable newsletter Bulletin. Sejkko sur Instagram

C’est fini pour aujourd’hui. Un petit 💙 si vous avez apprĂ©ciĂ© cette lecture me fera toujours plaisir.

*** **** ****

Je dédie cette édition à Béa, fidÚle lectrice de la lettre qui aimait tant la bonne cuisine et les vrais commerçants.

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Martin Holstein
Writes Effets inattendus ·Apr 1Liked by La newsletter de 15marches

Passionnant, en particulier la question de la logistique dans la ville.

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author
La newsletter de 15marches
Mar 30Author

Ă  ne pas manquer le lumineux Philippe Gargov de Pop-Up Urbain pour Demain la Ville sur les dark kitchen https://demainlaville.com/dark-kitchen-la-fin-des-restaurants/

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