👨🚀 Tous les mardis, Stéphane décrypte la transformation numérique de l'économie et la société. En savoir plus sur cette lettre : À propos
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💌 Vous et moi
Le deuxième parcours de l’Atelier de 15marches - transformation numérique - est lancé ! Les premiers utilisateurs ont commencé hier leurs 20 jours d’apprentissage. D’autres démarreront lundi prochain, et ainsi de suite tous les lundis. Après un an de travail, c’est une étape important pour nous. Le moment où le produit est dans les mains des utilisateurs.
Je vous propose par conséquent de profiter de cette semaine bien particulière pour réaliser une sorte d’exorcisme en abordant un sujet brûlant : peut-on prédire le succès d’une innovation ?
On vous explique tout. En avant !
Le Segway, très bel exemple d’échec d’un produit innovant - visuel 15marches issu du parcours Business Design.
🎯 Cette semaine
Chaque semaine un nouveau sujet décrypté. Cette semaine : peut-on prédire le succès d’une innovation ?
“Il y a une ligne de démarcation très fine entre un idiot et un visionnaire, et seul le temps peut dire de quel côté vous vous trouverez”.
Cette citation apocryphe impose l’humilité à toutes celles et ceux qui lancent des innovations, mais aussi à ceux qui souhaitent en juger le potentiel.
Ugly baby
Le co-fondateur de Pixar rappelait que les grandes idées ont souvent l’air de mauvaises idées au départ : elles ne sont pas terminées, pas construites de la manière optimisée, pas simples à utiliser. “Avant d’être un bel enfant, le bébé est toujours horrible” (ugly baby) écrivait Ed Catmull dans son excellent Creativity Inc.
Lorsque vous inventez quelque chose de nouveau, vous essayez de changer l’ordre des choses. Par conséquent vous allez probablement vous entendre dire que :
ça ne fonctionne pas (encore aussi bien que ce qu’on utilise depuis des années)
c’est cher (par rapport à des solutions produites à des milliers d’exemplaires)
ça ne plaira pas à tout le monde (puisque ça change les manières de faire).
C’est donc un gadget inutile et stupide (pour les 3 raisons ci-dessus).
Évidemment - je vois vos sourcils soulevés - un très grand pourcentage d’inventions sont restées effectivement des gadgets inutiles et stupides. Mais de nombreux produits que nous utilisons quotidiennement ont subi les mêmes moqueries à leurs débuts : les automobiles, les avions, les téléphones mobiles…Et plus récemment des services comme les réseaux sociaux, les sites de rencontre ou encore la location d’hébergements entre particuliers. Souvenez-vous…
Les frères Wright furent l’objet de très vives critiques à l’époque. À peine 24 ans plus tard, un aéroplane franchissait l’Atlantique. History HD via Unsplash
Hypothèses de changement
Comment distinguer dès le départ les innovations qui ont le potentiel de changer les choses de celles qui n’y parviendront pas ?
La clé n’est pas de répondre à cette question par oui ou par non, mais de (se) poser les bonnes questions : quelles sont les hypothèses de changement sur lesquelles sont bâties cette innovation ? Que faudra-il qu’il arrive pour que ces hypothèses tournent en faveur de votre projet ? Que faudra-t-il comme changement en matière de technologies, d’environnement réglementaire, social, de comportement ?
Si vous posez ces questions correctement, vous pouvez, étape par étape, suivre l’avancée d’une innovation vers le succès. Ou estimer dès le départ qu’elle ne le connaîtra pas à court ou moyen termes.
Prenons un premier exemple : les trottinettes électriques
La haine qu’elles subissent dans les médias illustre très bien le concept de ugly baby. On leur reproche tout ce qu’on ose plus reprocher aux autres engins en circulation. Selon leurs contempteurs, elles devraient être parfaites dès le début, ou disparaître. “C’est un gadget inutile !” entend-on, y compris chez les spécialistes des mobilités.
Quelles sont les hypothèses de changement que nous devrions suivre pour juger du potentiel de ces petites machines électriques ?
L’amélioration du confort et de la sécurité des engins eux-mêmes.
La montée en expérience de leurs utilisateurs.
Les restrictions pesant sur la circulation et le stationnement des autos et motos.
La hausse du coût de l’énergie.
L’appétence des utilisateurs pour une expérience différente du vélo et du deux-roues motorisé.
À bien y regarder, ces hypothèses ne relèvent pas de ruptures technologiques, réglementaires ou comportementales. Il est raisonnablement plausible qu’elles soient validées. Ceci ne garantit pas le succès des trottinettes, mais ceci explique sans doute qu’elles se soient vendues à 900 000 exemplaires l’année dernière en France. Pas mal pour des bébés horribles non ? Ce potentiel est à mettre en parallèle avec celui de l’ancêtre de la trottinette, le Segway. Malgré des critiques positives à l’époque la création de Dean Kamen n’a jamais dépassé le stade de promène-touriste avec 700 000 exemplaires vendus dans le monde en 17 ans.
Un autre exemple ? L’avion électrique
Les avions électriques semblent par hypothèse voués à l’échec, au moins dans leur version moyen et long courriers. La raison est purement scientifique : il faut aujourd’hui 35 kilos de batteries lithium-ion pour produire l’énergie fournie par 1 kg de kerozène. Aucun progrès identifiable à ce jour ne permet de penser que ce gap sera comblé dans les une ou deux décennies à venir. Vous n’irez pas à New York en avion électrique de si tôt.
Cela n’empêche pas de suivre le développement d’autres usages, d’autres formes de déplacement permis par les engins volants légers. L’important est de se poser les bonnes questions.
Et pour 15marches ?
Revenons maintenant à nos parcours d’apprentissage.
Je partage avec vous les hypothèses qui nous ont conduit à les lancer :
Le besoin de se former sur les sujets d’innovation et de prospective est fort, mais les formats proposées actuellement - Moocs ou présentiel - sont jugés rédhibitoires par une catégorie grandissante d’apprenants.
L’appétence pour les medias spécialisés sur ces sujets (Usbek & Rica, ADN,…) est forte, mais l’offre actuelle favorise le zapping au détriment d’un apprentissage structuré.
Les salariés et indépendants se forment déjà largement tous seuls; la « post éducation » va encore se développer.
Les entreprises vont de plus en plus financer des formats qui “sortent du cadre” pour attirer leur salariés, développer leurs compétences et les retenir.
Nous avons tiré de ces hypothèses la conclusion suivante : il y a une place pour un media avec une UX innovante, qui privilégie l’apprentissage tout en conservant l’autonomie de l’utilisateur, pour le faire progresser dans l’intérêt de son entreprise et de sa propre carrière.
Le succès ou l’échec de la solution que nous proposons dépendra de la validation de ces hypothèses et de notre capacité à nous adapter aux écarts que nous constaterons. “Seul le temps jugera si… 🤡 ou 🧑🎤”
En conclusion
Il n’y a donc pas de recette infaillible pour savoir si une innovation sera un succès ou non, mais il y a toujours une série d’hypothèses sur la base desquelles cette innovation est bâtie. À vous de trouver ces hypothèses et suivre leur réalisation.
“Il n’y a pas de méthode pour innover, mais on ne peut pas compter que sur la chance non plus” (ça y est je m’auto-cite, il va falloir que je prenne des vacances). Nous espérons vous avoir donné envie de porter un regard différent sur les innovations qui vous entourent.
Merci pour votre attention !
💛 L’Atelier de 15marches
Lire cette lettre, c’est bien ! Mais êtes-vous sûr·e de bien maîtriser la transformation numérique et les moyens d’en tirer parti pour votre organisation ?
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🧐 Et aussi
Des ressources utiles en lien avec le sujet traité cette semaine.
Sur le management de l’innovation chez Pixar L’innovation a besoin d’amis - 15marches.
Sur l’aversion à la perte Comment réussir à échouer - 15marches
Sur les débuts difficiles de l’aviation The Long, Complicated History of the Very First Flight- Popular Mechanics
Sur les débuts difficile de l’automobile, et ceux tout aussi difficiles des véhicules autonomes Lost in Automation - 15marches
Sur les réticences des premiers investisseurs à investir dans Airbnb Comment rater une startup à 30 milliards de dollars - 15marches
Sur les difficultés à reconnaître le potentiel d’une technologie à ses débuts Not even wrong : predicting tech - Benedict Evans
🤩 On a aimé
Nos trouvailles de la semaine, en vrac et dans le désordre
Si vous me permettez un détour loin des sujets habituellement traités par ici, je partage cet excellent “cahier de tendances” sur le shopping 2023. La forme également est très réussie. Klarna. The Checkout 2023
Mais revenons à nos sujets favoris.
Quand la newsletter Nourritures Terrestres de Clément Jeanneau cite la newsletter Dixit de Sylvain Grisot, je me dis que je ne perds pas mon temps à lire ces deux pépites sur les questions environnementales. Le retour de l’infolettre de Clément est une très bonne nouvelle. L'artificialisation des sols pour les nuls.
Puisque nous sommes dans la revue des newsletters de grande qualité, je vous recommande également celle de Kéliane Martenon, Sur les Internets, qui décrit avec beaucoup de talent les meilleures campagnes de communication publiques et commerciales. Sur les Internets
Enfin, sur le sujet “idiot ou génie ?”, le débat ne retombe pas sur le potentiel des applications grand public d’intelligence artificielle.
Les établissements d’enseignement supérieur commencent à percevoir le risque que fait peser la généralisation des solutions de “réponses à tout” comme ChatGPT d’OpenAI. Science-Po vient d’en interdire formellement l’usage pour les devoirs à la maison. Message interne du directeur de la formation de Sciences-Po
Peu avant les écoles new-yorkaises avaient également banni leur usage New York City schools ban AI chatbot that writes essays and answers prompts
Mais de quoi ont peur exactement les autorités de Science-Po ? Un professeur a demandé à ChatGPT de construire un plan détaillé “ à la Science-Po” sur un sujet absurde. Rémi Darfeuil sur Twitter. L’outil est aussi très fort en dissertation, se permettant même d’inventer des citations pour rendre ses affirmations plus crédibles. Eric Gautier sur Twitter
Mais laissons là les débats sur l’enseignement pour regarder quelques applications concrètes. Par exemple à quoi ressemble une recherche de séjour à New York :
Pour terminer, une chouette initiative de l’Université de Reading (UK) pour alerter sur le réchauffement climatique : vous pouvez visualiser l’évolution des températures dans votre région et imprimer ce “motif” sur des supports de votre choix (t-shirts, affiches, mobilier,…) Show Your Stripes
C’est terminé pour aujourd’hui !
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Et n’oubliez pas la seconde newsletter de 15marches, Futur(s) :
👩🏻🚀 Tous les jeudis, Noémie raconte les futurs possibles en fiction.
Pour ma part je vous dis à la semaine prochaine !
Stéphane
Je suis Stéphane Schultz, de 15marches. Le jour je suis consultant, je prends des trains à travers les plaines. La nuit je lis et j’écris cette lettre.