👨🚀 Tous les mardis, Stéphane Schultz décrypte l’impact des technologies sur l’économie et la société... En savoir plus sur cette lettre : À propos
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🧭 De vous à moi
J’écris depuis plus de 10 ans.
Le 15 mars1 2014 fut la date à laquelle mon doigt tremblant a appuyé pour la première fois sur “poster maintenant” un article de blog. Plus d’une centaine d’articles ont suivi, encouragés par des succès rapides comme cet article qui a été lu plus de 40 000 fois. En 2018 j’abandonnais mes premiers 3000 abonnés pour basculer sur le format infolettre malgré les avertissements de certains collègues : les newsletters étaient un truc du passé, le rythme pénaliserait la qualité de mes publications et les réseaux sociaux avaient plié le game de la visibilité.
Le célèbre Sweaty Monkey Finger de MailChimp
Écrire ne m’a apporté que du bonheur. C’est une respiration, une gymnastique, un rite devenu incontournable. Lire, prendre des notes, écrire, corriger, poster, lire les commentaires. Quelque chose d’à la fois exigeant et libérateur. Bien sûr j’en ai bavé pour respecter l’échéance hebdomadaire. Les dimanches après-midi (tiens, on est dimanche après-midi), les lundis soir jusqu’à 1 heure du matin. Mais ce rythme crée aussi des habitudes chez les lectrices et les lecteurs. Ces habitudes créent des liens sur la durée. Rien ne me fait plus plaisir que de lire “je ne voyais pas les choses comme cela, tu m’as donné envie de réfléchir autrement à cette question, j’attends la suite…”
Publier des articles sans pub, sans sponsoring et sans arrière-pensées commerciales a été une vraie fierté. Je n’ai jamais su dans quelle mesure ces centaines d’articles ont été utiles ou non à mon activité professionnelle - le conseil en innovation - qui est ma seule source de revenus. Ce dont je suis certain est qu’écrire a créé une relation particulière avec les gens qui m’ont confié leur stratégie, leur transformation ou une simple intervention ponctuelle. 90% ou plus m’ont connu par mes publications malgré le caractère peu “actionnable2” de ces dernières. L’indépendance paie.
Aujourd’hui, j’ai redressé mon activité suite aux problèmes rencontrés l’année dernière. Le goût d’entreprendre est revenu. Les abonnés les plus fidèles savent que le printemps a également été consacré à l’écriture d’un livre, un vrai, sorti il y a un mois. Une goutte de colibri ajoutée au torrent de nouveaux ouvrages (38 000 chaque année). Après la Tech, le numérique face aux défis écologiques tente de décrypter ce qui, dans le formidable (et destructeur) pouvoir de transformation de la Tech, pourrait permettre à des organisations de résoudre les grands problèmes écologiques.
Librairie Mollat à Bordeaux. Regardez bien il est là pile au milieu 📘.
Un sacré pari avec l’impression de nager à contre-courant de ceux qui d’un côté minimisent les problèmes climatiques et de l’autre ceux qui minimisent (ou diabolisent) le pouvoir des technologies. Sans oublier la difficulté d’expliquer sans ennuyer des notions souvent galvaudées comme la disruption, le passage à l’échelle, le modèle de plateforme et toutes les caractéristiques qui font aujourd’hui le pouvoir des entreprises technologiques. Connais ton ennemi a toujours été mon credo dans cette lettre comme dans mon activité de conseil. Il faut donner à comprendre les modes de travail, d’organisation et la culture de ces acteurs si singuliers. Sans fascination mais sans diabolisation non plus. L’avenir me dira si ce livre a apporté aux lectrices et lecteurs des clés pour leur propre compréhension et - je l’espère - leur capacité à agir. Les premiers retours sont très encourageants 🙏🏻.
Après la Tech… m’a aussi permis de prendre de la hauteur. Malgré tout l’intérêt que je porte aux États-Unis, je n’ai pas envie d’ajouter ma voix à toutes celles et ceux qui nous expliquent au pied levé ce qui va arriver suite aux élections américaines. Pas le courage non plus de ferrailler avec les Don Quichotte qui plaquent leur grille d’analyse politique - qu’elle soit néo-libérale ou néo-marxiste - pour affirmer en quoi la Tech serait responsable de tous les malheurs ou de tous les bonheurs de la Terre. La complexité n’a que faire des dogmatismes.
Aujourd’hui j’ai donc envie de prendre du recul par rapport à tout ce bruit.
La transformation numérique m’a fait découvrir la psychologie comportementale, les modèles économiques, les méthodes agiles et l’importance des données. La transformation écologique m’a poussé à approfondir les sujets énergétiques, les matières premières, la biodiversité et bien sûr la systémique. Écrire Après la Tech m’a initié aux problèmes complexes, à l’innovation de politique publique et plus largement à la transformation publique. Je suis maintenant convaincu que ces domaines sont liés et que si solution il y a, elle sera dans leur mise en musique conjointe.
Bref, j’aimerais vraiment vous dire ne pas sauter d’une indignation à l’autre mais de regarder plus calmement les solutions dont nous disposons, les valeurs que nous partageons et comment tracer votre propre chemin. Les outrances d’Elon Musk ou les déboires de Michel Barnier méritent notre intérêt, mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir et d’agir. Par exemple un chercheur français, Jean-Baptiste Pointel, a entrepris une analyse passionnante des politiques publiques aux Pays-Bas, Écosse et Royaume-Uni, pour montrer la puissance de l’ “innovation de mission”, concept que j’évoque dans le livre : une approche radicale des problèmes à résoudre, la constitution de coalitions entre acteurs publics et privés, des méthodes d’action et de financement innovantes. Je sais que beaucoup cherchent, avancent et n’ont pas renoncé. Plutôt que réagir, nous devrions nous en inspirer pour agir.
Alors par avance, pardonnez-moi si j’ai un peu de mal à commenter “la Tech” dans les semaines à venir. Le format long (et calme) du livre me semble plus adapté à la complexité des problèmes à résoudre. Je sais que cette lettre pèsera de moins en moins lourd face aux vidéos courtes, aux vocaux et autres selfies moralisateurs des réseaux, mais j’ai confiance dans l’attention et l’intérêt que vous lui portez depuis si longtemps.
N’hésitez pas à me faire part de vos attentes et vos critiques. J’en ai besoin pour continuer. Merci d’avance.
🤓 Et aussi
J’ai passé un moment agréable avec Yann Gourvennec sur son podcast Visionary Marketing - à découvrir ici : Tech et intérêt général -Visionary Marketing
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Nos trouvailles de la semaine, en vrac et sans détour
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C’est le 30DayMapChallenge, avec cette carte qui croise les données de radars automatiques et d’accidents. Accidents et radars
On termine avec ce petit bijou d’humour d’Outre-Quiévrain, que je dédicace à un fan de tuning qui se reconnaîtra - Écoute ton coeur pas ton moteur, Bryan et Ryan
💬 La phrase
“Le rêve des ingénieurs était une planète lisse comme une bille de verre sur quoi il n’y aurait plus qu’à peindre les lignes des autoroutes”. Edward Abbey. Le gang de la clé à molette (1975).
C’est terminé pour aujourd’hui !
À la semaine prochaine, n’hésitez pas à réagir.
Si vous avez apprécié cette lettre, laissez-nous un 💙 pour nous encourager.
Stéphane
Je suis Stéphane Schultz, de 15marches. Le jour je suis consultant, je prends des trains à travers les plaines. La nuit je lis et j’écris cette lettre.
15marches est le nom de mon entreprise de conseil. J’ai trouvé ce nom dans l’escalier de ma maison un soir où je transpirais horriblement pour trouver un nom “potable et signifiant”. Il correspond au nombre de marches jusqu’à mon bureau. Je l’ai trouvé marrant et je 'l’ai gardé. C’est aussi bête que cela.
On dit qu’un contenu est “actionnable” quand il contient des mentions plus ou moins explicites qui incitent le lecteur à aller visiter un site marchand, télécharger un prospectus ou prendre rendez-vous.
Perso, les vidéos ne me conviennent pas. Trop lentes, trop format télé (je me raconte, musique de circonstance, etc). Je les zappe. Ou les accélère.
Je préfère lire. A mon rythme. Je fais une pause pour réfléchir ou pour intégrer. Je fast forward ou rewind. Quelle liberté pour ma pensée, comme pour mon adhésion ou scepticisme ! Continue à écrire !
Merci pour ces mots avec lesquels je me sens totalement aligné. C’est toujours un plaisir de te lire, en se posant, sans être arrêtée par une nouvelle vidéo au bout de 30 secondes, en prenant le temps et en laissant infuser.
À propos du bruit, il y’a celles et ceux qui hurlent avec les autres et ceux qu’on écoute parler, même à voix basse.