6 Commentaires

Est-ce qu'il n'y a pas une différence de nature (dans le défi) entre le programme Apollo et la lutte contre le changement climatique ? La conquête spatiale était un objectif concret, perceptible et limité dans le temps, alors que la crise climatique est un problème plus abstrait, moins évident et à long terme ?

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c'est l'une des critiques les plus fréquentes de l'ouvrage Mission Économie de Maria Mazzucato, qui s'appuie sur l'exemple du programme Apollo pour imaginer ce que pourraient être des "missions" visant à régler les problèmes climatiques ou sociaux. Personnellement ce qui m'intéresse est la capacité à mobiliser des acteurs a priori concurrents au service d'un objectif (jugé) d'intérêt général, piloté par un État qui guide plus qu'il dirige, pour résoudre ensemble des dizaines de problèmes n'ayant pas encore de solutions. La crise climatique est sans doute plus complexe que la conquête spatiale, mais les exemples de coalition ne sont pas si nombreux alors je m'accroche à ce que je trouve ;-)

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juin 19·modifié juin 19

Comme toujours réflexion remarquable ! Bravo !

A propos du modèle de storytelling, il ne faut pas oublier un ingrédient essentiel : l'ennemi !

C'est l'exhausteur de saveur du récit...

En pleine guerre froide, il était tout désigné. Et quand on aborde ce discours avec cette grille de lecture, on voit à quel point il devient la force mobilisatrice de toute une nation.

C'est certainement la difficulté pour les enjeux climatiques...

Vous posez la question "Pourquoi ne sommes-nous pas capable de formuler aussi clairement nos ambitions pour engager tout le monde dans la résolution d’un problème aussi vital que le dérèglement climatique ?"

Je vous invite à considérer ce point : qui est l'ennemi désigné des discours ?

La Chine ? Les dirigeants politiques ? les consommateurs, les boomers ? les entreprises du "fast" ? les multinationales de l'énergie ?

=> à mon avis c'est une erreur car avant d'être des ennemis, ils sont ceux qui doivent amener les ambitions sur la Lune. C'est plus des "co-opétiteurs" que des ennemis.

Le modèle économique ? Nos modes de vie ? Nos modèles de vie réussies ?

=> c'est plus conceptuel, c'est plus compliqué et cela va dans le registre ardu de "l'addiction à ..." On a beau savoir que c'est mauvais pour la planète, on n'arrive pas pour autant à s'en passer. Là, l'ennemi est intérieur, ce sont nos propres lâchetés ? Mieux, mais la culpabilité ne désigne pas vraiment un ennemi commun. Il amène vite à la translation, "moi j'veux bien m'améliorer, mais les autres ils font quoi ?" Et l'ennemi finit par s'auto-détruire...

Le CO2 ? la montée des eaux ? les canicules ? les sécheresses ?

=> c'est un mélange de cause et de conséquence. Mais pourquoi pas... Team for the Planet construit son récit, avec un certain succès, sur cet ennemi invisible à nos sens : le gaz à effet de serre. La difficulté rendre tangible ce qui ne le deviendra que par les problèmes qu'il engendre... C'est également sur un registre scientifique et donc aussi challengeant que de passionner les foules aux mathématiques.

Je n'ai pas la réponse, mais trouver le bon ennemi devrait être une quête dans les prises de paroles sur les enjeux climatiques.

Un ennemi mobilisateur... un ennemi conceptuel ?

Pour lancer le "remue-méninge" :

En ces temps d'omni-média et d'images (retouchées), le "laid" ne serait-il pas un bon ennemi ?

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Merci Vincent. J’ai consacré une édition exactement à ce sujet là ! Je vous invite à lire également les nombreux commentaires qui analysaient ces différentes options avec beaucoup de recul et de ressources https://15marches.substack.com/p/connais-ton-ennemi

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Bonjour cher Stéphane

toujours un moment agréable en te lisant..

S'agissant du défi américain des années 60, je comprends l'état d'esprit auquel tu fais référence... mais le contexte n'était-il pas très différent : un challenge de dépassement essentiellement technologique, et sans limite sur les moyens, ressources, énergies mobilisables...

Plus compliqué de faire rêver sur la nécessaire adaptation au changement climatique, quand on sait que ce n'est pas de la technologie que viendra le salut, et que le premier levier, activable par chacun de nous à son échelle, est la sobriété et la modération, à défaut de renoncement à un consommation débridée. Je reste pourtant aligné avec JM. Jancovici quand il explique "on n'y arrivera pas par la contrainte, mais par le désir".

Les avalanches de pub de SUV à la télé des 24h du Mans ou de l'Euro2024 ne doivent pas nous décourager. Le choix des français d'ici quelques jours est on ne peut plus clair : on accélère face au mur, on on commence à virer de bord ?

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Je te rejoins sur le fait que le défi d'aujourd'hui est autrement plus complexe car au-delà des sujets technologiques (il y en a tout de même beaucoup à relever !) nous avons à affronter des questions sociales, économiques, éthiques, et au final politiques...très complexes. Mais la réponse est sans doute dans ta question : peut-être faut-il trouver un autre angle que celui de la "sobriété subie" et les prises de parole de quelques influenceurs. Ce sont les leaders politiques que l'on devrait entendre sur ces sujets, et je continue à espérer une formulation claire et ambitieuse d'un projet global difficile et risqué, mais qui serait à la hauteur du défi. Oui, je sais, on en prend pas le chemin /o\ mais de ce chaos naîtra peut-être la lumière ?

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